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113ème Conférence Internationale du Travail à Genève

113ème Conférence Internationale du Travail à Genève

Résumé de l'article

En marge de la 113ème session de la Conférence Internationale du Travail tenue du 02 au 13 juin 2025 à Genève, le Ministre du Travail et de la Fonction Publique Adidjatou MATHYS expose les actions du Gouvernement pour endiguer le chômage au Bénin.

Détails de l'article

Déclaration de Madame le Ministre Adidjatou A. MATHYS
Monsieur le Président de la Conférence,
Monsieur le Directeur général du Bureau international du Travail,
Mesdames et Messieurs,
À l’occasion de la 113e session de la Conférence internationale du Travail, je voudrais, au nom de mon pays, la République du Bénin, de son Gouvernement, des membres de la délégation qui m’accompagnent, et en mon nom propre, vous adresser mes chaleureuses félicitations pour votre élection à la présidence de notre Conférence.
Je voudrais également saisir l’occasion pour exprimer ma gratitude au Directeur général du Bureau international du Travail (BIT) pour le rapport qu’il a soumis à notre réflexion collective, conformément à la tradition.
Monsieur le Président,
Le thème « Emploi, Droits et Croissance : renforcer le lien » est d’un grand intérêt et d’une pertinence certaine. Le rapport, dans une démarche à la fois analytique et pédagogique, a su mettre en lumière la situation de l’emploi, de la croissance économique, ainsi que l’application des normes internationales du travail à l’échelle mondiale.
Cependant, Monsieur le Président, le problème de l’emploi et de la croissance économique en lien avec les droits demeure une question récurrente, posée dans une équation sociale complexe. Les efforts déployés par les gouvernements, notamment ceux des pays en développement, à travers diverses politiques et programmes nationaux, ont certes permis une réduction relative du taux de chômage, mais ils n’ont pas suffi à éradiquer durablement la crise de l’emploi.
De même, les initiatives internationales menées au cours des décennies passées tels que les programmes d’ajustement structurel, la mondialisation des économies, la déréglementation ou encore l’adoption de la démocratie comme modèle de gouvernance politique n’ont pas non plus permis de résoudre cette problématique.
Aujourd’hui, la situation de l’emploi dans plusieurs pays est fragilisée par divers facteurs : les flux migratoires, la croissance démographique rapide, les aléas climatiques, l’insécurité liée aux conflits armés et au terrorisme. Autant d’éléments qui entravent l’investissement et accentuent les inégalités, la pauvreté et la précarité dans de nombreuses régions.
Pour l’Afrique, qui comptera à l’horizon 2050 plus de jeunes à employer que le reste du monde réuni, le défi est d’une ampleur sans précédent. C’est pourquoi les réformes structurelles et les investissements générateurs d’emplois doivent impérativement être placés au cœur des politiques économiques et sociales. Le Bénin s’y engage pleinement, à travers des politiques qui visent non seulement une croissance plus forte et plus durable, mais aussi une réponse efficace aux enjeux de l’emploi.
Dans ce contexte, depuis quelques années, mon pays, le Bénin, s’est résolument engagé dans la voie d’une croissance économique durable, portée par des réformes ambitieuses. Nous avons notamment mis en place des zones économiques spéciales à vocation sous-régionale, où les produits agricoles locaux sont transformés sur place. Ces réformes ont permis de créer de nombreux emplois, notamment pour les jeunes, qui représentent plus de 70% de notre population.
Ainsi, nous avons enregistré une croissance soutenue sur la période 2016-2024, grâce à une stabilité macroéconomique, à la modernisation des infrastructures et à une gouvernance plus rigoureuse et plus responsable. Le Gouvernement a fait de l’emploi une priorité centrale, en orientant les investissements publics et les réformes vers les secteurs à fort potentiel de création d’emplois : l’agriculture, le tourisme et les services.
Il a également mis en œuvre des mécanismes ciblés pour l’insertion professionnelle des jeunes, tels que le Programme spécial d’insertion dans l’emploi (PSIE) et le programme AZOLI, qui visent à favoriser l’employabilité. Ces deux (02) programmes établissent non seulement un lien direct entre les jeunes diplômés et les entreprises, mais encouragent également l’auto-emploi.
Conscient de l’inadéquation persistante entre l’offre et la demande d’emploi, le Gouvernement du Bénin a décidé de mettre un accent renforcé sur la formation professionnelle et technique dans le système éducatif. Pour notre pays, seule cette approche permettra à l’école béninoise de mieux préparer les apprenants à la réalité du marché du travail et de former davantage à l’emploi.
Das ce cadre, la formation professionnelle a été renforcée à travers la construction de lycées techniques et des écoles de métiers modernes avec le développement de filières adaptées aux réalités du marché du travail.
Pour nous, l’emploi n’est pas seulement une finalité économique : il constitue un levier de dignité humaine, de stabilité sociale, de développement durable et de justice sociale. Mais nous savons aussi que l’emploi ne peut être durable s’il n’est pas encadré par des droits. C’est pourquoi l’emploi, les droits et la croissance doivent être pensés comme un triptyque indissociable.
Nous sommes convaincus que le respect des droits au travail n’est pas un frein à la compétitivité, mais bien un catalyseur de performance économique et sociale. En protégeant les travailleurs et en promouvant des environnements de travail respectueux des normes, nous renforçons la motivation, la productivité et la stabilité, tant dans les entreprises que dans la société.
Mesdames et Messieurs,
Pour qu’elle soit véritablement transformatrice, la croissance économique doit s’accompagner d’une redistribution équitable des opportunités et des richesses. L’emploi et les droits ne doivent pas être considérés comme des résultats accessoires de la croissance, mais bien comme des conditions essentielles à son avènement.
C’est pourquoi le Bénin s’efforce de bâtir un modèle de développement où la justice sociale occupe une place centrale. La croissance que nous recherchons est celle qui permet à chacun de contribuer à l’essor de la nation et d’en récolter les fruits, dans la dignité et la sécurité. C’est dans cet esprit que nous appelons à renforcer le lien entre emploi, droits et croissance, dans une vision partagée par tous les États membres de l’OIT.
Par ailleurs, nous assistons à une accélération du progrès technologique, qui met à l’épreuve la résilience des marchés du travail, tout en accentuant le déséquilibre entre l’offre et la demande d’emplois.
En effet, malgré l’irruption d’innovations numériques, incluant l’intelligence artificielle, sur le marché mondial du travail, celles-ci n’ont pas encore permis une amélioration significative des niveaux de vie ni de la croissance économique. Le manque de compétences, ainsi que les barrières érigées par les grands monopoles du numérique, constituent de réels obstacles pour les pays en développement.
Il est à craindre que ces inégalités géographiques n’aggravent encore davantage les injustices sociales.
Les gouvernements désireux de lancer une initiative ambitieuse dans le domaine des compétences doivent mobiliser davantage de ressources budgétaires. Ceux qui aspirent à une transformation numérique plus rapide et inclusive auront besoin d’un modèle technologique plus proactif, nécessitant souvent des ressources extrabudgétaires. Faute de quoi, les marchés du travail seront exposés à une informalité croissante liée aux plateformes numériques, aux conséquences difficilement maîtrisables.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Nous faisons partie de ceux qui pensent que les perspectives actuelles demeurent préoccupantes, face aux multiples crises qui fragilisent la justice sociale.
C’est pourquoi les défis majeurs qui se dressent devant nous doivent être relevés avec détermination, afin d’accélérer la réalisation des Objectifs de développement durable.
Malgré les tensions géopolitiques, les gouvernements doivent renforcer leurs économies par des initiatives audacieuses visant à accroître la productivité et à soutenir la croissance, sans remettre en cause l’architecture normative de l’OIT, qui en constitue le socle.
Monsieur le Président,
Je suis convaincue que, comme par le passé, notre Organisation saura surmonter les obstacles et relever les défis que lui imposent les mutations actuelles. Dans un esprit tripartite, nous continuerons à œuvrer pour lever les obstacles à la justice sociale.
Pour y parvenir, un nouveau contrat social est nécessaire, intégrant l’initiative de la coalition mondiale pour la justice sociale, les mécanismes du dialogue social pour le développement, la généralisation de la négociation collective, le renforcement des mesures de lutte contre les pires formes de travail des enfants, ainsi que l’inclusion des personnes en situation de handicap dans l’économie.
Telles sont, Monsieur le Président, les observations que m’inspire l’analyse du rapport du Directeur général du BIT, soumis à notre réflexion.
Plein succès à nos travaux !
Je vous remercie.

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